Alpinisme, la passion des sommets

J’ai débuté l’alpinisme début août 2013 lors de mon premier stage avec l’UCPA de Chamonix. Ça faisait des années que l’idée de gravir des sommets enneigés me faisait rêver. Les stages UCPA permettent de débuter l’alpinisme sans trop de matériel et sans expérience. Cela permet également de rencontrer d’autres passionnés. En Belgique, c’est en effet plus difficile. L’autre intérêt, et non des moindres, des stages organisés par l’UCPA est qu’ils t’apprennent à pouvoir être autonome. Il ne s’agit pas juste d’un guide qui t’emmène au sommet mais d’un pédagogue qui t’enseigne toutes les ficelles du métier. De quoi pouvoir envisager de faire de la montagne en autonomie complète après quelques stages !

Bref, c’est exactement ce qu’il me fallait pour une première approche.

Premier pas sur les pentes du Bishorn

Jour blanc à l'approche du sommet du Bishorn
Jour blanc à l’approche du sommet du Bishorn

Je me lance donc vers un stage Bishorn, un sommet assez accessible pour débuter de 4153m dans les Alpes suisses. Premier 4000 donc et un bon choix pour découvrir tranquillement la marche sur glacier avec des crampons aux pieds.

Malheureusement, le jour J, les conditions ne sont pas bonnes pour atteindre le sommet. Les chaussures d’un stagiaire prennent l’eau lors de la montée au refuge du Tracuit. Il pleut des cordes quasi tout le trajet ! Le lendemain, elles ne sont pas sèches et après 1h30 de marche dans la neige fraîche tombée la nuit, il faut faire demi-tour si on veut garder ses pieds intacts. Ils sont presque mauves ! De toute façon, la météo n’est pas bonne, on est dans les nuages en permanence et on n’y voit rien.

Au retour au refuge, on repart quand même avec les motivés pour faire un petit sommet. A un moment le guide s’arrête et nous dit en regardant son altimètre que nous y sommes. Difficile de voir la différence entre la neige et les nuages, on ne peut donc que le croire. L’orage qui commence à se rapprocher ne nous donne pas envie d’aller plus loin.

Déçu de ne pas atteindre le sommet mais la montagne c’est aussi savoir accepter de ne pas réussir à tout les coups ! Ce n’est pas grave, je suis quand même conquis par ce que je viens de vivre. 3 semaines plus tard, je rempile pour un 2e stage. Cette fois, il ne s’agit pas d’un stage “sommet” mais d’un stage “alpi 7 jours”. Cette formule me paraît mieux car en fonction de la météo, l’ascension de votre sommet peut vite être compromise. A l’opposé, ce stage alpi 7 jours permet de pouvoir moduler les activités en fonction de la météo et des conditions de montagne.

Et ainsi de suite…

J’enchaîne ensuite par un stage d’escalade de cascade de glace. Cette fois, ce n’est plus avec l’UCPA mais avec un guide belge, Jean De Macar qui est un guide du Piémont en Italie. Son lieu d’attache est donc en Italie dans le Val Pellice et son fameux refuge Willy Jervis. Ce lieu est magnifique, une vallée encaissé où il n’y a rien à part ce refuge. Les seules personnes que nous verrons durant notre séjour sont les gens du refuge et les quelques locaux venus faire un tour durant le weekend.

Notre guide de l'UCPA, Jean-Luc, debout sur la Punta Isabella - 3761 m
Notre guide de l’UCPA, Jean-Luc, debout sur la Punta Isabella – 3761 m

Nous devrons quitter les lieux plutôt que prévu à cause des chutes de neige prévues. On risque de se retrouver coincés ! Le retour à la civilisation est difficile, la qualité de l’air est tellement bonne là-haut que la redécouverte de la pollution est désagréable. On passe alors dans une vallée quasi à côté au refuge Alevè pour faire de l’escalade sur une cascade artificielle mais néanmoins fort intéressante.

L’été 2014, je refais à nouveau 2 stages alpi 7 jours à l’UCPA de Chamonix. En 2015, malgré des conditions de neige mauvaises, je fais pour la première fois sommet sans guide suivi d’un nouveau stage UCPA avec uniquement du rocher vu les conditions !

2016, début des choses sérieuses

En 2016, je fais un tour de quelques jours du côté du Mont Rose en Italie avec un ami et j’en profite pour faire enfin mes premiers 4000, 4 d’un coup ! On fait ensuite un stage UCPA avec 3 amis et deux autres stagiaires. Un bon groupe avec lequel Jean-Philippe, le guide qui nous encadre, n’a pas peur de se lancer dans le Lifting du Roi sur le Roi de Siam. Malheureusement, avec 3 cordées, la difficulté de la voie et le temps qui tourne à l’orage, nous devons rebrousser chemin peu avant le sommet. On clôture le stage par une belle sortie entre stagiaires dans Crakoukass.

2017, après l’alpinisme, je découvre l’andinisme

En mai 2017, on passe trois bonnes semaines du côté de Huaraz et sa Cordillère Blanche. Outre quelques randos et treks sympas, on part faire un gros trek de 5 jours qui comprend un col à plus de 5000m, un 2e col à 5370m et le sommet de l’Ishinca à 5530m.

Gros programme !

Malheureusement, les conditions de neige ne sont pas bonnes lors de notre tentative d’ascension. De plus, le guide manque un peu d’expérience pour ce genre d’aventure. La tentative se limite donc à monter jusqu’au Paso Ishinca à 5370m après une froide nuit sous tente à 5120m !

La descente sur le glacier est vraiment une belle galère. A vol d’oiseau, il ne doit pas y avoir davantage que 1km mais ça nous prend près de 2h30 pour le parcourir. On arrive exténué et les pieds humides et transis de froid. Un pas sur 2 sur ce glacier, on s’enfonce jusqu’au genou et assez régulièrement on s’enfonce même jusqu’à la taille. L’un d’entre nous s’enfonce même à un moment jusqu’aux épaules. Vraiment dur d’avancer dans ses conditions. Heureusement, on s’en sort tous sans souci.

Vue depuis le sommet du Huayna Potosi - 6088 m
Vue depuis le sommet du Huayna Potosi – 6088 m

Autre moment d’andinisme en juin 2017 où sur un coup de tête on s’inscrit dans une agence de La Paz pour aller au sommet du Huayna Potosi ! Il culmine à 6088m sur les hauteurs de La Paz en Bolivie. L’agence nous emmène pour un trip de 3 jours à 5-6000m. Le succès n’est pas assuré. En effet, la veille de notre ascension seul 4 personnes sur les 11 qui ont tenté le sommet parviennent à l’atteindre. Nous sommes heureusement plus chanceux car les 7 qui partent ce jour là arriveront au sommet !

Retour en Europe

Après ce superbe voyage en Amérique du Sud, il me restait un mois pour atterrir en douceur et reprendre le boulot. Difficile de ne passe laisser tenter par une semaine à Chamonix avec les copains ! On se fait ainsi une semaine en solo mais en étant quand même hébergé à l’UCPA. Après tout, ils sont bien situé et l’endroit est agréable de même que la nourriture.

Un peu rouillé avec un seul weekend de grimpe en 10 mois (grimpe à Pomani en Bolivie dont je parle dans la page consacrée à l’escalade), je me contente de la position de second au début pour reprendre mes marques. Puis, finalement, je retrouve des sensations en réversible. Pour dire à quel point j’étais rouillé, lors de ma reprise de l’escalade en salle une semaine après la semaine d’alpinisme, je n’arrive même pas à enchaîner un 6a alors qu’avant de partir j’étais régulièrement dans du 7a et que je m’échauffais parfois dans du 6a !

Durant cette semaine d’alpinisme entre potes, on enchaîne les belles courses :

  • Chapelle La Glière,
  • la Lachenal sur l’Aiguille Crochue,
  • l’arête NNE de l’aiguille de l’M
  • l’arête des Cosmiques avec 5-10cm de neige fraîche

A tel point qu’on fait l’équivalent de 2 semaines UCPA en une seule semaine.

Bref, retour en Europe signifie retour à l’escalade régulière ! Ce qui laisse espérer de belles courses pour les prochaines saisons !

David concentré au sommet de la Punta Castore - 4223 m
David concentré au sommet de la Punta Castore – 4223 m